Le Mont Raoeng, qui possède une altitude de 3330 m de hauteur, est le volcan le plus à l’est et le plus jeune d’un complexe volcanique de l’est de Java, comprenant en tout quatre cratères dirigés nordestsudouest (fig. 3). C’est le dernier qui donne encore aujourd’hui signe de vie. D’après les indications que nous donnent les couches des parois est, nord et surtout ouest, le cratère du Raoeng fût construit sur le flanc est du Mt Wates (fig. 5), puis transformé en caldeira, dont le fond mesure 2100 X 1700 m de diamètre et se trouve à une moyenne de 500 mètres sous les bords supérieurs du volcan (fig. 1, 2). Les parois forment des pentes intérieures dépassant parfois 65° (fig. 6), sauf dans les parties basses, ou l’on trouve des cônes de déjection qui atteignent environ 45°. Le fait qu’on ne retrouve pas dans les parties du sommet le matériel provenant de la grande éruption qui a donné à la caldeira son aspect actuel, ne constitue pas une preuve d’effondrement. Prenant comme exemple l’éruption du Vésuve de 1906 et supposant que des matières rejetées qui représentent un volume de 2.3 km3 aient été répandues sur un rayon de 15 km, elles auraient constitué une couche de débris ne dépassant pas 10 m d’épaisseur sur le sommet actuel. Cette couche à très bien pu être entraînée par une érosion ultérieure. La présence de tufs épais retrouvés en certains points au pied du volcan confirment cette hypothèse. La présence de basaltes dans les parties inférieures des parois, contrairement aux andésites dont est constituté le sommet, conduisent à présumer que le problème de la formation de caldeira’s se rattache à une phase de vieillesse du volcan. Presqu’au centre de la caldeira, s’élève un cône dû aux éruptions des 30 dernières années (1902—04, 13, 15, 17, 21, 24, 27, 29, 32—33). (Fig. 11, 12, 13, 18, 19, 22). Le fond de la caldeira du Mt Raoeng est moins plat qu’il ne semble de prime abord. Des laves, issues du cône central et des fissures du fond de la caldeira, ont recouvert et surélevé les parties NE, N et NW, laissant quelques espaces libres à l’E, au S et au NW. Les parties les plus basses du fond forment des bassins (fig. 1, 2) qui s’emplissent d’eau de pluie pendant la saison humide. Les mares qui en résultent, sont diversement colorées, suivant le matériel que l’eau entraine et garde en suspension. Les pentes du cône central et les petites collines, débris de cônes antérieurs, sont recouvertes de croûtes formées par cimentation des couches de cendres, grâce à la présence de gaz (fig. 23). Les petits édifices de 2 à 4 mètres de hauteur que l’on trouve dans la partie ouest de la caldeira, ont une ressemblance parfaite avec ceux apparus sur des fissures dans l’atrio du Vesuve, et décrits par Perret (fig. 10). Les fumerolles de la plaine à l’est, au nord et à l’ouest, possèdent une température moyenne de 79.4° C, tandis que celles de la périphérie ont une température variant de 78 à 92° C. Comme produits de sublimation, on y trouve du soufre, du gypse et du chlorure de fer. Le cône central, haut actuellement de 90 mètres, s’est déplacé au cours des éruptions successives dans la direction NNW (fig. 11, 12), laissant en arrière les traces de cônes antérieurs. Il a produit principalement des déjections solides, mais il y eut aussi, notamment en 1924, des coulées de lave. Certaines coulées de lave, surtout dans la partie NNW, ont trouvé leur issue par plusieurs ouvertures du fond même de la caldeira. La température des fumerolles de ces coulées, variait en 1932/33 de 70 à 80° C. Au début du mois d’août 1927, il y eut une éruption qui dura jusqu’à fin octobre. Elle avait son origine dans le cône central, qui passa par une série de transformations (fig. 15). Blocs, bombes, scories incandescantes et lapillis furent lancés jusqu’à 500 mètres de hauteur et retombèrent dans le grand cirque de la caldeira. Des lapillis dépassèrent ses bords supérieurs, principalement pendant la deuxième période de l’éruption. Les cendres tombèrent à plus de 50 km de distance du volcan. Les données obtenues pendant cette éruption et l’examen des rapports rédigés par le personnel du Service Vulcanologique, soulignent cette constatation des vulcanologues, MM. Perret et Neumann van Padang pour d’autres volcans: que le paroxysme n’a généralement pas lieu au début (fig. 16). L’on peut distinguer 3 phases bien distinctes. Pour le Mont Raoeng, la première fut constituée d’explosions espacées à raison de 20 par heure, la majeure partie des matériaux rejetés étant composée surtout d’anciens blocs de lave arrachés aux flancs et à la cheminée du volcan. La seconde phase se discerna par des explosions plus rapprochées (60 à 70 à l’heure) au cours du 7 et du 8 septembre avec de fortes émissions gazeuses, tandis que la troisième et dernière phase se traduisit surtout par le rejet de cendres en quantité considérable. Les trois phases correspondent à une différente répartition des gaz dans le magma (fig. 17). Après 1927, pendant de longs mois, une colonne intermittente de vapeurs s’éleva dans l’air, faisant parfois conjecturer, de la plaine, à un nouveau réveil du volcan. Le cône central présentait sur les versants intérieurs plusieurs fissures rougeoiantes, signe que le magma était encore très rapproché de la surface. En 1929, apparut à l’est un petit cratère d’explosion qui s’agrandit par effondrement des bords (fig. 19). Les vapeurs étaient dûes principalement à la présence de gaz à température élevée, qui se condensaient à une certaine hauteur par temps humide (fig. 21). En temps de sécheresse les vapeurs étaient presque nulles. De 1932 à 1933 le volcan était, à quelques exceptions près, dans la phase de repos. De nombreuses fumerolles développaient leurs volutes de fumée sur les pentes intérieures du cône central. Il n’a pas été possible d’obtenir de données sur les températures à l’intérieur du cône, à cause des vigoureux échappements de gaz (SO2) qui empêchaient d’y descendre, même armé d’un masque. Ces vapeurs avaient leur origine dans un petit cratère d’explosion situé dans la partie est du fond plat (fig. 24). Ce dernièr à subi en 1932—33 quelques déformations à la suite d’une faible activité. Les 60 échantillons de roches du Mt Raoeng appartiennent à l’ancien volcan, aux intrusions de magma dans les parois de la caldeira, aux coulées de lave du fond et aux produits de l’éruption de 1927. Ils font l’objet d’une étude pétrographique et chimique détaillée, dont les résultats paraîtront prochainement.